Grand Paris : petit à petit, Christian Blanc taille sa route

Publié le par Grand Paris

PRESSE
LIBERATION
SIBYLLE VINCENDON
QUOTIDIEN : jeudi 26 juin 2008

Généralement invisible, Christian Blanc, secrétaire d’Etat à la Région capitale, était présent hier aux Assises de la Conférence métropolitaine qui se tenaient à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Depuis qu’il a été nommé, son seul commentaire public avait été celui de sa lettre de mission. Hier, ses intentions se sont précisées. Tandis que le fort contingent d’élus présents se souciaient surtout de solidarité ou de gouvernance, Christian Blanc, en bon chef d’entreprise qu’il fut, a surtout parlé économie.

La salle réunissait pour la première fois gauche et droite, présidents de conseils généraux, les socialistes Bertrand Delanoë et Jean-Paul Huchon, les UMP Patrick Devedjian et Roger Karoutchi, bref, le tout-métropole. En fin de séance, Christian Blanc prend la parole. «Je reviens de la Silicon Valley et tous mes interlocuteurs m’ont dit : "Dans quinze ans, toutes les voitures seront électriques". Nous sommes tous pour les transports collectifs et je suis de ceux-là, mais il ne faut pas se tromper d’investissements.» Plus tard, il précisait : «Si on ne fait pas du tout de routes, dans les quinze ou vingt ans qui viennent, nos petits-enfants s’en étonneront.» Surprenant. Depuis des mois, les débats sur l’agglomération tournent, entre autres, autour de la nécessité d’une rocade de métro interbanlieue. Mais jamais autour de la route, perçue comme facteur de pollution.

Que comprendre ? La suite du propos éclaire. Un point de contexte. Depuis deux ans, la région Ile-de-France élabore un schéma de développement, le Sdrif. Le gouvernement n’en veut pas et un rapport de force s’est engagé sur ce document. Qu’en dit Blanc ? «Le Sdrif me paraît insuffisant en matière de développement économique.» Dans ce type de schéma, on prévoit où se bâtiront, par exemple, les grandes zones d’entreprises, comme on le fit pour la Défense.

«Mutations». Le Sdrif de la région, pour Blanc, ne compte pas assez de sites économiques. «La région capitale est le lieu d’un foncier très important sans lequel il n’est pas possible de mener des mutations», a-t-il dit. D’ores et déjà, son équipe travaille sur deux de ces terrains : le plateau de Saclay, au sud, et la plaine de France au nord, dans le voisinage de l’aéroport Charles-de-Gaulle. «Il ne s’agit pas de créer des usines, a-t-il expliqué. Mais de la recherche, du tertiaire, ce qui va créer de la valeur.» Au fil des mots, une partie du puzzle se compose : ces quartiers d’affaires ne peuvent se brancher sur les bouchons de l’A86 qui font le quotidien de la banlieue d’aujourd’hui. Et les transports collectifs ne sont pas la clé de l’attractivité pour les fonctions dites métropolitaines supérieures (cadres, chercheurs…). D’où des routes pour les voitures électriques.

Tout cela a été évoqué à petites touches. En rupture avec tout ce que l’on venait d’entendre. Les participants avaient débattu de la gouvernance. La Conférence métropolitaine, réunion informelle, va être transformée en syndicat mixte d’étude ouvert aux élus de l’agglomération. Est-ce l’embryon d’une future collectivité ? Philippe Laurent, maire de Sceaux, répond : «Nous sommes un certain nombre à le penser mais pas tous.» Mireille Ferri, vice-présidente (Verts) du conseil régional, reflète l’allergie régionale à cette idée : «Ne nous précipitons pas vers des choses qui ne sont pas mûres.» Pour Christian Blanc, «d’abord le projet, ensuite la gouvernance».

Solidarité. Sur la solidarité financière entre collectivités riches et pauvres, même temporisation. L’économie en premier. «Est-ce que vous avez déjà vu de la solidarité s’effectuer sans développement économique ?» a-t-il demandé. On n’est pas très loin de la position de Patrick Devedjian, président (UMP) du riche département des Hauts-de-Seine, qui n’a promis aucun partage de ressources : «L’égalité doit se faire par la création de richesses.»

Des pistes avaient pourtant été suggérées : la région veut augmenter l’actuel Fonds de solidarité (Fsrif) auquel Paris accepte de contribuer plus. Le président (PS) de Seine-Saint-Denis, Claude Bartolone, veut mutualiser les droits de mutation. Et beaucoup ont réclamé une taxe professionnelle unique.

 


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