Des organismes HLM très rentables, mais des loyers pas assez sociaux

Publié le par Grand Paris

PRESSE

LES ECHOS [ 03/02/09  ]

Pour la Fondation Abbé-Pierre, les logements sociaux comportent une part croissante de logements intermédiaires inaccessibles à la majorité des 1.240.000 demandeurs de logements sociaux.

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Au moment même où le gouvernement annonçait hier les 1.000 projets retenus dans le cadre du plan de relance, la Fondation Abbé-Pierre n'a pas ménagé ses critiques envers les 100.000 logements supplémentaires décidés par le président de la République Nicolas Sarkozy. « Ce programme de construction, qui devrait coûter 600 millions d'euros, comportera moins de 50 % de véritables logements sociaux », s'est insurgée l'organisation en rendant public son rapport annuel du mal-logement, tandis que plus de la moitié de ces logements seront à loyer intermédiaire.

Pour la Fondation Abbé-Pierre, ce plan accentue donc le déséquilibre entre la production de logements sociaux - qui favorise les loyers intermédiaires (les « PLS »), inaccessibles aux ménages modestes - et celle de logements à loyer très social (les « PLAI »), auxquels les deux tiers des 1.240.000 demandeurs de logements sociaux sont éligibles.

« Les trois quarts de l'augmentation du nombre de logements sociaux financés entre 2001 et 2008 sont dus aux PLS », souligne le rapport, en constatant que leur nombre a plus que quadruplé, quand celui de logements à loyer social (les « PLUS ») et très social (« PLAI ») n'a été multiplié que par 1,2. Les organismes HLM, eux, expliquent régulièrement que les « PLAI » leur coûtent cher et que leurs moyens sont limités.

1,79 % du PIB

Dans ce contexte, la publication en fin de semaine dernière d'une étude du cabinet de consultants Precepta a été particulièrement remarquée. Celle-ci met en lumière une croissance du chiffre d'affaires des organismes HLM - essentiellement constitué des loyers et des charges locatives - de 5 % en 2008, après 3,2 % en 2007, et des taux de résultat net souvent très élevés, généralement supérieurs à 15 %. « Faire du social est extrêmement rentable »,« les opérateurs en place s'appuient sur des rentes de situation ». écrit Precepta, pour qui

Plutôt qu'un manque de moyens, la Fondation Abbé-Pierre explique cet essor du « PLS » par deux raisons : il serait un moyen pour les communes de sélectionner leurs habitants ; et, surtout, ne bénéficiant d'aucune subvention, il ne pèse pas sur le budget de l'Etat, tout en permettant à ce dernier d'afficher une progression des logements sociaux. Alors même que la Fondation alerte, de son côté, sur le désengagement de l'Etat. Selon elle, l'effort de la collectivité publique - Etat, partenaires sociaux et collectivités locales - en faveur du logement social a encore baissé pour se situer en 2008 à son niveau le plus bas depuis trente ans, soit 1,79 % du PIB. Or, « dans le même temps, les prélèvements fiscaux et parafiscaux de l'Etat sur le secteur du logement (fiscalité sur les revenus fonciers, retours de TVA...) ont progressé, atteignant un niveau sans précédent (de 1,45 % du PIB en 2005 à 1,59 % en 2008). Depuis 2001, l'Etat prélève ainsi plus sur le logement qu'il ne redistribue ! », dénonce la Fondation Abbé-Pierre.


Publié dans Logement - Immobilier

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