Pour l'A.R.F. le rapport Balladur «vise à brouiller les cartes à la veille des régionales et des cantonales»

Publié le par Grand Paris

PRESSE

LIBERATION 23/02/2009

INTERVIEW - A quelques jours de la publication du rapport Balladur sur la réforme des collectivités locales, les régions veulent mobiliser l’opinion. A l’initiative de l’Association des Régions de France (ARF), elles ont lancé la semaine dernière le site internet sauvonslesregions.fr, initiative relayée depuis ce week-end par une campagne de presse afin de populariser leur démarche. Retour avec Alain Rousset, président de la région Aquitaine et de l’ARF, sur les enjeux de la réforme en cours.

Pourquoi cette mise en ligne d’un site internet ?

Le site est destiné à faire connaître l’action régionale. Nous voulons rappeler ce qu’est la région. C’est une collectivité à laquelle nos concitoyens adhèrent, mais c’est une jeune collectivité. Elle n’a que 30 ans, alors que les départements ont plus de deux siècles, et les communes mille ans. Elle a donc moins d’histoire, des compétences plus spécialisées et moins bien connues. Mais dans tous les pays européens, c’est la collectivité de référence.

Sur cette interface, l’ARF propose aux internautes de débattre et de se prononcer sur un certain nombre de thèmes abordés par la commission Balladur… N’est-ce pas un peu ambitieux ?

Internet permet le débat en direct sur la toile. Les Français doivent aussi s’approprier leur propre organisation territoriale. Le qui fait quoi de l’action publique reste très embrouillé par l’Etat qui veut être présent partout. Il s’agit donc d’anticiper les réponses du comité Balladur. Ce texte très conservateur vise à revenir 30 ans en arrière, avant la décentralisation. L’idée de mélanger les départements et les régions, deux collectivités non liées entre elles, avec des budgets et des compétences complètements différents, est une pure folie. En plus, cela va générer énormément de conflits. La seule explication est politicienne. Elle vise à brouiller les cartes à la veille des régionales et des cantonales.

Les premières propositions du comité Balladur suggèrent de passer de 22 à 15 régions, qu’est-ce que cela vous inspire ?

A chaque fois qu’on a voulu re-centraliser ce pays, on a parlé de la taille des régions. Ce n’est pourtant pas un problème de taille, mais de moyens. Ce n’est pas ça qui va développer l’emploi, la formation, l’innovation. On est dans un jeu de mécano complètement inutile. Le vrai problème, c’est celui de l’émiettement communal, et il n’est pas réglé. Nous avons 37.000 communes, et pas suffisamment d’intercommunalités.

Etes-vous favorable à la disparition d’un échelon administratif ?

Il y a dans tous les pays qui nous ressemblent trois échelons. Les deux problèmes que nous n’arrivons pas à régler concernent le nombre de communes –les autres en ont beaucoup moins- et les moyens alloués aux régions. Les départements ne sont pas en cause. Par ailleurs, ces projets de fusions ne peuvent fonctionner que si les collectivités concernées sont volontaires. Il y a un processus démocratique à respecter. Là, on est très limites.

L’Aquitaine n’est finalement pas concernée par ces jeux de fusion. Etes-vous soulagé ?

L’Aquitaine est une grande région. Ses dimensions sont déjà très importantes. Il faut que nous renforcions la coopération inter régionale avec nos voisins, mais il n’a jamais été question de fusionner avec Poitou-Charentes. Cette proposition de Jean-Pierre Raffarin ne visait qu’à ennuyer Ségolène Royal.

Vous soutenez malgré tout l’objectif de simplifier l’organisation territoriale ?

Bien sûr, mais l’objectif devrait être d’aller au bout de la décentralisation. Il faut que nos concitoyens sachent qui fait quoi. Hors, le texte n’y répond absolument pas. En déstabilisant les régions, il met au contraire en cause la compétitivité et l’innovation de notre pays.

Laure Espieu

Publié dans Région Ile de France

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