Le Grand Paris fait grand bruit

Publié le par Liberation

Regrouper dans un même ensemble la capitale et les communes alentour: le projet du maire de Paris divise à gauche et à droite.


par Sibylle VINCENDON

QUOTIDIEN : jeudi 25 mai 2006


 

Cela aurait dû n'être qu'une rencontre de routine entre élus. Et voilà que le déjeuner qui a réuni hier à l'Hôtel de Ville les maires de Paris et de quelques-unes des communes voisines est devenu un enjeu politique à risque. Parce qu'il pouvait se transformer en acte de naissance du Grand Paris. Ranimée la semaine dernière par l'architecte Roland Castro, qui part en campagne présidentielle sous la bannière de son mouvement pour «l'utopie concrète», reprise dans les jours qui suivaient par Françoise de Panafieu, tête de liste UMP pour les municipales à Paris, l'idée, qui dort depuis vingt ans, semble ressurgir.


Sur le même sujet

Une agglomération pour quoi faire ?

«L'idée était de moderniser les banlieues anciennes»

Conservatismes

A savoir

Hier autour de la table, il y avait entre autres, Bertrand Delanoë, maire (PS) de la capitale, et Jean-Paul Huchon, président (PS) de la région Ile-de-France. Et sur la table, un menu explosif : la «conférence métropolitaine», club informel de collectivités que mitonnent les Parisiens depuis quelques mois. Or l'idée même que la capitale et les communes de la zone centrale de l'agglomération puissent se regrouper sous quelque forme que ce soit exaspère Jean-Paul Huchon. Le président de la région dit à qui veut l'entendre qu'autour de Paris, «l'agglomération, c'est la région» et qu'il ne se voit pas en président de la Grande Couronne. Quand l'essentiel de la population et de la richesse est concentré dans la petite. A peine sorti de table, il se réjouissait hier d'avoir écarté cette perspective. Première satisfaction : «Bertrand Delanoë a rappelé que tout ça se fait dans le cadre de la région.» Deuxième joie : «Pas question de déboucher sur une quelconque forme institutionnelle, ni aujourd'hui, ni demain, ni après-demain.» Pas de communauté urbaine en vue. Bonheur ultime, «on a élargi le cercle jusqu'aux villes nouvelles», soit «potentiellement 300 et quelque maires intéressés». Racontée par Huchon, cette réunion «sympa, claire et conviviale» a débouché sur une «conférence régionale métropolitaine ou métropolitaine régionale comme vous voudrez», structure suffisamment vaste pour y noyer toute initiative un peu nerveuse.


Pierre Mansat, l'adjoint communiste de Bertrand Delanoë, chargé des relations avec les collectivités territoriales d'Ile-de-France, aurait-il vu enterrés hier sous son nez des mois d'efforts ? Depuis 2001, il a construit patiemment des relations avec la trentaine de communes riveraines de Paris, et les trois départements limitrophes. Il a initié un séminaire de recherche de trois ans sur les relations Paris-Banlieue. Mieux, il a obtenu de haute lutte que la «zone dense», soit 40 à 80 communes, selon l'endroit où l'on fait passer le trait, fasse l'objet d'un atelier spécifique dans le cadre de la révision du Schéma directeur régional d'Ile-de-France (Sdrif). La région, pilote de ces travaux, a fait cette concession l'an dernier. Etait-ce la seule victoire de Pierre Mansat ? La réponse arrivera début juillet. Quelque part en banlieue, et «sans puissance invitante», aura lieu une «conférence métropolitaine de l'agglomération, initiée par des élus du coeur de l'agglo, dans le cadre régional», résume prudemment Mansat.


On est bien loin de l'idée d'une communauté urbaine, comme l'a évoquée Françoise de Panafieu. Le Grand Paris divise à gauche ? Il scinde aussi à droite. Aucun maire de droite des Hauts-de-Seine ne veut se marier avec le poids lourd qu'est la capitale laissait entendre hier un élu UMP participant au déjeuner. «C'est l'UMP de Paris qui fait sa campagne», résumait, fataliste, un des participants.

 

Publié dans Actualité Grand Paris

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article