Huchon: «Une grande structure pour le Grand Paris n'est pas nécessaire»

Publié le par Grand Paris

20Minutes.fr, éditions du 28/01/2008

Jean-Paul Huchon est président (PS) de la région Ile-de-France.

La commission "Scénario pour la métropole" mise en place par la région et présidée par Jean-Paul Planchou (PS) s'est réunie il y a quelques jours. Qu'en ressort-il à ce stade ?
Le discours qui s'y tient, c'est qu'il y a un besoin de coopération entre Paris et ses voisins, mais qu'il ne peut pas conduire à créer une grande structure qui se surajouterait aux structures actuelles. On ne peut pas avoir d'un côté une institution «coeur d'agglomération» qui regrouperait six à huit millions d'habitants, et de l'autre une région qui regroupe 11 millions d'habitants. Surtout avec un conseil régional qui a désormais en charge les transports, l'aménagement du territoire, le développement économique.

En revanche sur le sujet du logement, que l'on a du mal régler, nous pourrions imaginer soutenir une structure spécifique.

Le président Nicolas Sarkozy semble toutefois toujours décidé à créer cette grande structure pour le coeur d'agglomération...
Je ne pense pas qu'il soit si déterminé que cela. J'en veux pour preuve les déclarations récentes de Roger Karoutchi et de Françoise de Panafieu, qui avec leur proposition de "syndicat mixte ouvert" ne délivrent pas une ambtion si foudroyante !

Estimeriez-vous qu'une structure intercommunale entre Paris et ses voisins ne serait finalement pas pertinente ?
Je pense que la question de la solidarité financière entre Paris et les Hauts-de-Seine à l'égard des autres départements et localités de la petite couronne, ne soulève pas un enthousiasme considérable au sein de la droite. Or l'origine de la création d'un Grand Paris suppose cette solidarité financière : les communes limitrophes de Paris désiraient partager les ressources de Paris et des Hauts-de-Seine.

Votre ami Bertrand Delanoë semble pourtant y croire encore...
Oui, et je ne trouve pas pertinent que le maire de Paris revendique la nécessité d'une grande structure pour le Grand Paris. Je suis gêné par cette attitude, alors que tous les travaux montrent qu'elle n'est pas nécessaire.

Un projet de type Arc Express, qui concerne Paris et la petite-couronne, ne pourrait-il pas être décidé au sein d'un Grand Paris ?
Il est aberrant de penser cela, étant donné que ce projet est structurant pour la métropole régionale. Il est impossible de séparer des morceaux du réseau, compte tenu de l'interconnexion des modes de transport en Ile-de-France. Cela doit donc rester une compétence régionale, avec l'appui des départements, sinon c’est la fin d'une politique d'aménagement du territoire cohérente, telle qu'elle est portée par le schéma directeur.

La RATP d'un côté, le maire de Paris de l'autre, se sont prononcés en faveur du lancement simultané des deux arcs : celui entre La Défense et la Plaine-Saint-Denis, et celui entre Châtillon-Montrouge et Val-de-Fontenay. Qu'en pensez-vous ?
Comment, avec les tous les autres projets en cours - les tangentielles nord et sud ainsi que sept projets de tramway - financerait-on le lancement de ces deux arcs en même temps ? La priorité des priorités se situe dans l'arc val-de-marnais. Cependant il faut considérer Arc Express comme une rocade, c'est-à-dire un projet amené à être bouclé complètement, et rien n'empêche de réaliser des études dès maintenant pour les autres composantes de l'arc, particulièrement celui de la Seine-Saint-Denis à La Défense.

Sur le Grand Paris, pourquoi ne serait-il pas possible de créer une telle communauté d'agglomération en Ile-de-France, alors qu'elle existe à Lille, Lyon ou Bordeaux ?
Parce que la région Ile-de-France n'est en rien comparable aux autres régions, ne serait-ce qu'en raison de notre compétence sur les transports. Nous sommes la seule région responsable de tout : métros, RER, bus et tramways. Et sans doute bientôt les taxis et les routes. Je plaide d'ailleurs pour une extension des compétences du Stif, pour qu'il devienne le Syndicat des déplacements d'Ile-de-France, notamment pour régler la question du transit des poids lourds dans notre région. Ce n'est donc certainement pas en refermant le sujet au niveau local, que l'on réglera le problème des transports en Ile-de-France.

Est-ce que ce débat a lieu d'être en pleines municipales ?
Non, parce qu'il est effectivement biaisé par les enjeux politiciens. A ce que j'ai compris, il y avait d'ailleurs dans l'esprit du gouvernement une volonté de reprendre la main sur Paris et la région à travers cette affaire. Cela semble insupportable à la droite de voir une ville comme Paris et une région comme l'Ile-de-France lui échapper. En ce qui nous concerne, le rapport de la commission Planchou ne sera remis qu'après les élections.

Comment avez-vous accueilli le plan banlieues présenté par Fadema Amara ?
C'est un plan sans doute nécessaire. Je rappelle que la région engage déjà 940 millions d'euros - toutes politiques confondues - en aide à ces quartiers qui souffrent, soit un tiers de son budget. J'ai rencontré Fadela Amara, et je lui ai dit que nous pourrions la soutenir au moins sur deux points : créer des emplois-tremplins pour les jeunes, et financer le désenclavement par le transport des quartiers les plus séparés de la vie de la cité, en particulier en donnant un coup de pouce immédiat au projet de débranchement du tramway T4 entre Aulnay et Bondy vers Clichy-Montfermeil. Mais l'Etat devra participer évidemment. Je lui souhaite de convaincre le gouvernement.



Propos recueillis par Mickaël Bosredon

Publié dans Actualité Grand Paris

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