Sans-abri : l'hébergement d'urgence réorganisé

Publié le par Association Grand Paris

A  son arrivée au secrétariat au logement, Benoist Apparu avait prévenu qu'il n'attendrait pas les grands froids pour s'occuper des sans-abri.
Mardi 10 novembre, M. Apparu a présenté son plan pour l'organisation d'un "service public de l'hébergement et de l'accès au logement des personnes sans abris ou mal logées".

Amorcée par son prédécesseur, Christine Boutin, cette réforme, a pour ambition de sortir d'une logique saisonnière de gestion de crise en remettant à plat la politique actuelle d'hébergement. Associations et gouvernement s'accordent sur le constat que le système actuel, dispersé entre plus de 2000 acteurs et sans réel pilotage de l'Etat, est à bout de souffle.

Principale innovation : l'instauration d'un opérateur unique. Il coordonnera l'ensemble des accueils de jour, des services d'accueil et d'orientation, des équipes mobiles, des hébergements d'urgence, des 115, et attribuera toutes les places d'urgence.

Autre mesure phare : l'instauration d'un "référent personnel" unique auquel chaque sans-abri aura affaire tout au long de son parcours. Le secrétaire d'Etat veut aussi améliorer le "maillage territorial" des maraudes (les équipes mobiles qui vont au-devant des personnes) et les renforcer, par une équipe médicale spécialisée en psychiatrie et en addictologie. 2000 jeunes volontaires du service civique seront placés auprès des associations de "première accueil et d'urgence".

"PEU DE CHOSE SUR LA PRÉVENTION"

"Pour la première fois, le gouvernement ne s'est pas contenté de faire un plan d'urgence et d'annoncer l'ouverture de nouvelles places. Il y a une vraie tentative de réorganisation de l'offre d'hébergement", analyse Nicole Maestracci, présidente de la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars), qui rassemble plus de 800 associations de solidarité.

Pour autant, les associations critiquent le manque d'ambition politique de l'ensemble. "Il y a très peu de chose sur la prévention des publics fragiles, comme les personnes qui sortent de prison, poursuit Mme Maestracci et peu d'indication sur la façon dont ce plan va être financé et piloté". Surtout, elles estiment que le volet logement du plan n'est pas la hauteur.

Benoist Apparu propose notamment un accès prioritaire au logement social des personnes sans abri ou mal logées en s'appuyant sur les attributions du 1 % logement et l'optimisation du contingent préfectoral. En Ile-de-France, d'après différentes sources, 15 000 logements pourraient être mobilisés par ce biais. Aucune évaluation nationale n'est en revanche disponible.

Pour lutter contre l'habitat indigne, Benoist Apparu va aussi proposer au Parlement une mesure pour taxer les marchands de sommeil. En France 300 000 à 400 000 logements sont considérés comme potentiellement indignes. "L'arsenal juridique existe déjà mais il n'y avait aucune volonté politique pour l'activer. M. Apparu dit qu'il va le faire. Combien de ministre nous ont déjà tenus de telles promesses ?", critique Christophe Robert, directeur des études à la Fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés.

"Le secrétaire d'Etat s'est concentré sur la réorganisation de l'hébergement, mais ce n'est que le début de la chaîne pour sortir de l'exclusion. Les annonces pour favoriser un accès au logement sont des mesurettes dans un contexte de crise du logement très aiguë", poursuit M. Robert. Et de rappeler qu'en janvier 2008, le premier ministre, François Fillon avait annoncé faire de la lutte contre le mal-logement un chantier prioritaire.

Le Plan de M. Apparu devrait être mis en place progressivement au cours de l'année 2010. Un comité interministériel de lutte contre l'exclusion devrait se tenir au printemps 2010 pour dresser un premier bilan de la réforme.
Catherine Rollot LE MONDE 09/11/09

Publié dans Logement - Immobilier

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