Itw de B. Delanoë au JDD

Publié le par Grand Paris

PRESSE
Samedi 13 Décembre

Propos recueillis par Bertrand GRECO
Le Journal du Dimanche

 
C'est sa première interview depuis le congrès du parti socialiste à Reims. Le maire de Paris et candidat malheureux au poste de premier secrétaire sort de son silence médiatique pour s'exprimer sur le dossier primordial du Grand Paris. Il répond notamment à Roger Karoutchi, secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement qui menaçait la semaine dernière, dans le JDD, de ne pas participer au syndicat mixte baptisé "Paris Métropole". Extraits de l'interview à paraître demain dans le JDD.

Selon Roger Karoutchi (JDD du 7 décembre), votre "Paris Métropole" serait en passe de devenir un "contre pouvoir" face au gouvernement. "Dans ces conditions, qu'ils restent entre eux!", ajoute-t-il. Le syndicat mixte ouvert a-t-il du plomb dans l'aile?
Franchement, je ne le crois pas et tous nos contacts avec l'ensemble des élus concernés, y compris de droite, montrent au contraire une vraie dynamique en marche. Mais s'il y a eu le moindre malentendu, je veux rassurer Roger Karoutchi: ce syndicat mixte n'est pas et n'a pas vocation à devenir un "contre pouvoir". Cela n'aurait aucun sens. Il n'est pas non plus une collectivité de plus qui viendrait se substituer aux autres. En revanche, oui, il s'agit d'un lieu de travail, de réflexion et d'action entre collectivités, par delà les clivages partisans. Son bureau sera composé de façon consensuelle et reflètera la diversité de ce collectif. De plus, je suis tout à fait favorable à l'élaboration d'une "Charte de gouvernance" de ce syndicat, conformément à ce qu'ont pu suggérer plusieurs élus, de toute sensibilité politique. Roger Karoutchi sait bien que des enjeux aussi essentiels que le logement, les transports, le défi environnemental ou la dynamique économique impliquent aujourd'hui de raisonner à une nouvelle échelle. C'est précisément la raison d'être de ce syndicat mixte: un outil efficace, qui nous permettra de mieux coopérer, de faire émerger des projets et des solutions partagées.

Quelles avancées concrètes attendez-vous en 2009 sur le dossier Grand Paris-Paris Métropole?
J'attends d'abord la création même de ce syndicat, lorsque toutes les collectivités impliquées auront délibéré. D'ici la fin de l'année, une cinquantaine, de droite comme de gauche, auront officiellement adopté ce projet et le processus est en cours. Ensuite, je pense que dès 2009, le travail devra être engagé sur des dossiers concrets, par exemple sur la résorption de l'habitat insalubre, le financement de projets de déplacements, la création de nouvelles zones d'activités économiques ou la définition d'un Plan climat métropolitain, ce qui aurait vraiment du sens. Plus largement, j'attends des actes de la part de l'Etat. Si celui-ci veut s'intéresser au devenir de notre métropole, qu'il mobilise enfin les financements indispensables pour les transports collectifs, le logement et l'emploi. Sur tous ces sujets, les Franciliens attendent des évolutions significatives en 2009.

On a parfois l'impression d'une grande cacophonie. Comment concilier Paris Métropole, le Grand Paris de Nicolas Sarkozy, le projet de Christian Blanc, le Schéma directeur francilien de Jean-Paul Huchon...?
Pour notre part, nous avons toujours été clairs sur la méthode et sur les objectifs. Et depuis 2001, nous n'avons attendu personne pour créer, en synergie avec la Région, les conditions d'un dialogue inédit et d'une dynamique entre collectivités, qui aboutit au projet de ce syndicat mixte. Quant au sentiment de cacophonie, il résulte sans doute d'initiatives dispersées qui ne sont pas de notre fait. Cela dit, toute perspective susceptible de faire progresser le dossier métropolitain doit être considérée de façon constructive. C'est notre état d'esprit. Nous avons par exemple des relations suivies avec Christian Blanc et nous démontrons avec ce syndicat mixte ouvert, une volonté de dialogue sans exclusive. C'est sans doute la raison pour laquelle des élus de l'UMP, d'abord méfiants, sont aujourd'hui partie prenante dans cette approche.

Vous avez reçu la semaine dernière, les dix équipes d'architectes qui travaillent sur le Grand Paris. Qu'en attendez-vous?
D'abord, permettez-moi de souligner que là encore, Paris est pleinement engagée dans cette démarche. La compétence de ces équipes constitue un atout dont peuvent émerger des initiatives utiles. Non seulement des gestes architecturaux mais au-delà, une vision qui donnerait plus d'harmonie à cet espace.
Je le leur ai d'ailleurs dit de vive voix, puisque j'ai apprécié, effectivement, d'échanger avec eux à l'Hôtel de Ville. Je leur ai exprimé mes voeux de réussite mais aussi d'indépendance dans leur entreprise. J'ajoute qu'Anne Hidalgo et Pierre Mansat [adjoints à l'urbanisme et au Paris Métropole] font partie du comité de pilotage constitué autour de ce projet. Et lors de la séance budgétaire qui débute demain, je proposerai au Conseil de Paris de voter 400 000 euros de crédits pour contribuer à son financement.

La commission Balladur semble favorable à l'idée d'un regroupement des conseillers départementaux et régionaux. Qu'en pensez-vous?
J'aborde ce débat dans un esprit constructif et pragmatique. S'il y a réforme des collectivités territoriales, elle doit conduire à davantage d'efficacité dans la conduite des politiques publiques. Nous y travaillons activement, sur le fond. Et je ferai part de l'état de nos réflexions à la commission Balladur, qui doit m'auditionner en janvier. En tout état de cause, je me méfie des mécanos institutionnels compliqués, surtout si celui-ci devait aboutir à un statut d'exception pour Paris. Cela, nous ne l'accepterions pas.

Etes-vous fragilisé à Paris, après le congrès de Reims?
Je ne vois pas pourquoi je le serais: le mandat que m'ont confié les Parisiens en mars dernier n'a jamais été remis en cause. Quant à Reims, c'est déjà du passé. Je suis concentré sur les projets ambitieux que nous mettons en oeuvre dans la capitale et qu'illustre le budget examiné à partir de demain au Conseil de Paris. Toute l'équipe municipale est en action, dans un contexte contraint mais qui rend le défi d'autant plus exaltant. Croyez-moi, il y beaucoup à faire. Et la tâche ne m'a jamais fait peur. Au contraire.

Publié dans Actualité Grand Paris

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