Blanc rallume la guerre avec Huchon
LIBERATION 13/03/09
Grand Paris . Le plan de la région contesté par le ministre.
Le Grand Paris est un feuilleton à un épisode par semaine. Dans le précédent, il était question du rapport Balladur et de son mariage forcé entre la capitale et les trois départements de la petite couronne. Le personnage principal de la série, Nicolas Sarkozy, chef de l’Etat, avait enterré cette perspective brutale au profit de davantage de concertation.
Dans l’épisode de cette semaine, on parle d’architecture. Les dix équipes françaises et étrangères qui participent à la consultation internationale du «Grand pari de l’agglomération parisienne» seront reçues aujourd’hui à l’heure du goûter par le héros de l’Elysée, au lendemain de la présentation finale de leurs travaux.
Emergence. Mais une intrigue secondaire se sera nouée parallèlement: l’affrontement entre Christian Blanc, secrétaire d’Etat au développement de la région capitale, et Jean-Paul Huchon, président (PS) d’Ile-de-France autour du schéma directeur, le Sdrif. Pour Blanc, ce document ne permet pas l’émergence d’un Grand Paris attractif. Mardi, s’exprimant devant les élus UMP franciliens réunis par Roger Karoutchi (lire ci-dessous), Christian Blanc a déclaré qu’il s’opposerait à sa validation. Votée par la région, cette planification de l’aménagement doit être transmise par le gouvernement au Conseil d’Etat pour s’appliquer.
«Dans quelques semaines, a posé Blanc, nous ferons valoir des propositions qui devront être inscrites dans le Sdrif. Sinon, il n’y aura pas de Sdrif». Le suspense, c’est que le gouvernement dispose dans la loi d’un «délai raisonnable» - six mois ont estimé les juristes consultés par région - pour transmettre le schéma au Conseil d’Etat. La date limite, vers le 25 mars, ne sera pas tenue et ce rebondissement rallume la guerre du Sdrif.
Pour ceux qui ont raté le début, un rappel. A peine nommé après les municipales de mars 2008, le secrétaire d’Etat à la Région capitale avait violemment critiqué le Sdrif. Les objectifs de croissance (2 % par an) étaient trop modestes, le document manquait «d’ambition». L’assemblée régionale l’avait voté quand même. Tension, démarrage du délai de six mois et calme avant la tempête.
Récemment, Jean-Paul Huchon a rencontré François Fillon. Le Premier ministre lui «a promis la transmission avant la fin du premier semestre 2009», assure le président du conseil régional. Seul bémol : il faut attendre «les conclusions de M. Blanc».
Les conclusions ne sont toujours pas là. Le plan de transports collectifs de Christian Blanc, en particulier, n’a pas reçu le feu vert de l’Elysée pour être rendu public. Il ne colle pas du tout avec les tracés de ligne envisagés dans le Sdrif. Et ne résout en rien les problèmes de transports d’aujourd’hui.
«Arlésienne». Pour eux, la région négocie depuis près d’un an avec Jean-Louis Borloo, ministre de l’Equipement, un plan de mobilisation de 17 milliards d’euros. Le plan est prêt mais l’Etat n’a pas encore dit à quelle hauteur il le financerait. «Cela fait six mois que Borloo nous mène en bateau en nous disant qu’il faut attendre Blanc, vitupère Jean-Paul Huchon. C’est pire que l’Arlésienne.»
Là dessus, sont arrivées les phrases acides du secrétaire d’Etat à la Région capitale, personnage qui ne prend pourtant pas souvent la parole. Mireille Ferri, vice-présidente (Verts) du conseil régional, est aujourd’hui bien énervée elle aussi : «Balladur rend son rapport, les dix équipes d’architectes rendent leurs travaux et tout ce que Blanc trouve à dire, c’est de remettre en cause le Sdrif !». L’entourage de Christian Blanc assure que des rencontres auront lieu avec la région après le rendu des conclusions. Vu l’absence de contacts depuis tous ces mois, cet épisode-là risque d’être animé.