Bras de fer entre le gouvernement et la Région sur le futur plan d’aménagement

Publié le par Grand Paris

PRESSE
SIBYLLE VINCENDON
LIBERATION QUOTIDIEN
jeudi 25 septembre 2008

La guerre sévit dans le grand Paris. Elle oppose le conseil régional de gauche, dirigé par le socialiste Jean-Paul Huchon, et le gouvernement. Dans le champ de tir, le futur Schéma directeur de la région Ile-de-France (Sdrif), document qui fixe les grandes règles d’aménagement jusqu’en 2030. Le conseil régional doit le voter aujourd’hui mais le gouvernement a annoncé qu’il ne le transmettrait pas au Conseil d’Etat. S’il se confirme, ce bras de fer inédit créera un blocage de fait.

Le Sdrif, c’est quoi ?

La règle du jeu des grands aménagements. Secteurs ouverts à l’urbanisation, types de constructions (logements, activités, tertiaire, universités…), zones réservées aux futures routes ou infrastructures de transport, zones vertes sont, entre autres, dessinés à grands traits. Le schéma contient aussi des objectifs chiffrés : bâtir 60 000 logements par an, créer 28 000 emplois en moyenne annuelle, viser une croissance annuelle de 2 %. Pour la première fois, le document a été élaboré par la Région, et non plus par l’Etat. Il a été validé par une commission d’enquête publique.

Pourquoi le gouvernement n’en veut-il pas ?

Parce que le Sdrif est «insuffisant en matière de développement économique», a dit Christian Blanc, secrétaire d’Etat à la Région capitale. Lors de l’université d’été du Medef, Blanc a reproché à la Région de ne viser une croissance «que» de 2 %. Le schéma devrait prévoir un objectif deux fois plus élevé, estime-t-il. La Région prêche le réalisme d’une option légèrement meilleure que les prévisions de croissance nationale.

L’autre argument est celui du calendrier. Christian Blanc doit proposer un arsenal de projets et de moyens juridiques pour réorganiser la zone centrale de l’Ile-de-France, qu’on l’appelle Grand Paris ou Paris Métropole. Il a promis des annonces pour la fin 2008 et un ensemble complet fin 2009. Cette version totale comprendrait aussi un nouveau système de gouvernance. Le Sdrif arrive trop tôt pour lui. Attendez, dit-il en substance, et intégrez mes projets. On pourra le faire par la suite, répond la Région.

Le Sdrif est-il bloqué pour des raisons moins avouables ?

Les élections régionales de 2010 sont évidemment en filigrane derrière le conflit. Roger Karoutchi, le premier, puis Valérie Pécresse ensuite, sont partis en campagne pour obtenir la tête de liste UMP. Côté PS, plane l’incertitude sur le sort de Jean-Paul Huchon, qui pourrait être condamné à une inéligibilité en appel dans une affaire de prise illégale d’intérêt. Un blocage du Sdrif, soupçonne-t-on à la Région, pourrait «ralentir la livraison de projets pour amoindrir le bilan» de la gauche. Vision paranoïaque ? Oui, si ce que cache le blocage est en réalité l’annonce, fin 2009, d’une réorganisation profonde de la région, avec création d’une nouvelle collectivité. Valider un Sdrif qui n’intègre aucune structure de métropole serait en effet contradictoire avec ces grands plans.

Publié dans Région Ile de France

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